Editorial 277-278
De l’art ou du cochon-tirelire. %%% Il n’est pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va, dit le proverbe, et cela risque de définir chaque jour un peu plus les elations de la Suisse avec ses voisins européens et occidentaux en général. L’accord Rubik avec l’Allemagne, qui paraissait quasiment sous toit, est brutalement remis en cause et l’usage de données volées, que même la justice française a fini par condamner en son temps, devient une méthode de gouvernement de certains Länder. Pendant ce temps, trois sénateurs français, dont le communiste Éric Bocquet sont partis en mission d’étude non pas à Zurich (là c’était Lénine lui-même) mais à Genève pour y rencontrer Jean Ziegler et y donner leur avis sur le secret bancaire, avis que nous vous laissons deviner. Ils ont aussi été en promenade à Bruxelles et à Jersey, et entendent se rendre à la City. Il ne manque plus que le Delaware, maintenant que l’immigration US ne demande plus de jurer que l’on n’est pas communiste. Actualité de Jersey, l’île menace de demander son indépendance si on continue à la chicaner. Ceci explique cela ? Au coeur de l’été, formation sur un coin de table d’un accord surréaliste ayant pour conséquence de doublement imposer les successions franco-suisses, que Maître Itin analysera dans notre prochain numéro, même s’il est probable que cet accord qualifié de « mieux que rien » par la conseillère fédérale en charge du dossier, ne passera pas la rampe de la ratification. Notre pauvre présidente en sera quitte pour se rendre à Paris rencontrer un président et deux ministres, le président français ne voulant pas se rendre en Suisse, alors que pourtant, il y a de très bons TGV qu’il affectionne tant. À croire qu’il attend que Lyria fasse de la publicité ici. Nous apprenons aussi que « contrairement à son prédécesseur, le nouveau gouvernement français refuse de négocier un accord Rubik ». Amusant quand on a suivi le déni permanent du précédent de toute négociation sur le sujet. On nous aurait menti ? On nous mentirait ? Peut-être la Suisse devrait-elle s’abstenir face à ses voisins qui accumulent les déficits à 12 chiffres d’affi cher cette année encore un excédent budgétaire significatif, et s’abstenir de soutenir à bout de bras un euro qui n’est plus un panier de monnaies mais un panier percé. Et pendant ce temps, la place bancaire ne sait plus trop à quel saint (ou plutôt à quel paradis) se vouer, et attend fébrilement un message officiel dont même la date semble imprécise. Nos fidèles lecteurs auront remarqué le bémol de notre optimisme. Et l’art dans tout cela ? Non, pas le truc exonéré d’ISF qui selon les statistiques quitte en ce moment la France par semi-remorques entiers, l’Art, le vrai, celui qui nourrit si mal les artistes ! Jérôme Liniger, qui a, vous l’avez lu dans notre n° 157 plus d’une corde à son art, nous concocte un projet qui devrait, sur les prochaines couvertures, permettre de découvrir ce que produisent à Paris de jeunes artistes suisses en devenir. Et joignant ses compétences de professeur à ses talents de plasticien et de performer, il décodera aussi dans nos pages ce qu’il nous aura sélectionné en couverture. Que les adeptes de mazots et de paysages, dont je suis, ne se désolent pas, ce ne sera pas l’un à là place de l’autre, ce sera l’un et l’autre. Rappelez-vous que c’est le même Jérôme qui a entièrement refondu devant une rédaction tremblante la maquette de Suisse Magazine, et que personne ne songerait à revenir à notre ancienne mise en page un peu … rustique. Bâle offrant une parfaite transition entre paysage et art, bonne lecture. Philippe ALLIAUME Rédacteur en chef