Didier Burkhalter à Paris et à Berlin
Après une visite ce matin à la chancelière allemande Angela Merkel et un rendez-vous cet après midi avec le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, le président de la Confédération, Didier Burkhalter tenait un point de presse en fin de journée à l’Ambassade de Suisse.
La mission que s’est donnée le Conseil fédéral est d’expliquer la situation à ses principaux voisins. Allemagne et France aujourd’hui, Autriche hier par Mme Sommaruga et Italie … dès que ce pays disposera de nouveau d’un gouvernement.
Expliquer notamment que si le mandat constitutionnel voté par le peuple est impératif, il n’a pas de conséquences immédiates et qu’à ce jour, la règle en vigueur reste celle de la libre circulation. Expliquer aussi qu’en ce qui concerne la Croatie, l’accord prévoyait en tout état de cause des mesures transitoires et n’aurait pas instauré immédiatement la libre circulation.
Exposer ensuite que le Conseil fédéral est déjà au travail pour trouver des solutions et appliquer ce vote tout en préservant les relations bilatérales.
Aux journalistes qui lui demandent de comparer la position allemande à la position française, Didier Burkhalter indique que l’Allemagne a une approche d’abord pragmatique et la France une approche d’abord dogmatique. Mais que dans les deux cas ces membres de l’UE tiennent à préserver les principes fondamentaux dont la libre circulation.
Evoquant l’avenir, Didier Burkhalter rappelle que la Suisse entendait négocier avec l’Europe un paquet institutionnel et que cet objectif demeure. Il veut croire qu’une fois l’émotion passée, les parties pourront se remettre autour d’une table et déplore les annonces de la Commission européenne, qu’il juge prématurées et n’allant pas dans le sens d’un dialogue constructif.
Suisse Magazine a souhaité demander à celui qui est aussi le patron du DFAE « si au-delà de ces explications nécessaires, on pouvait espérer que la Suisse n’aura plus comme ligne de conduite de s’excuser sans cesse comme on pouvait avoir l’impression qu’elle le faisait depuis des années ».
Didier Burkhalter a très sèchement réfuté cette analyse, indiqué qu’en aucun cas la Suisse n’avait l’habitude ni l’intention de s’excuser (suite à des décisions de son peuple) et que « d’ailleurs on ne lui avait pas demandé ».
Interrogé de manière récurrente par les médias audio-visuels sur les bruyantes déclarations du matin d’Arnaud Montebourg ( « la Suisse entame son suicide économique ») , le Président s’en est tenu à deux formules « faire de la politique ce n’est pas chercher des formules qui font le buzz » et surtout « tout ce qui est excessif est insignifiant».
En effet, on ne s’excuse plus, on réagit.
Didier Burkhalter a par ailleurs fermement démenti une éventuelle stratégie visant à faire voter de nouveau le peuple, et refusé de se projeter sur l’avenir à long terme des bilatérales, la solution privilégiée étant plutôt institutionnelle.
Enfin il a souligné que si le mandat constitutionnel est imprécis sur les quotas il est très clair sur le fait que ces derniers doivent prendre en compte les intérêts économiques de la Suisse. Il a aussi souligné que selon des sondages, les Français, parmi d’autres, auraient aimé être consultés sur ce sujet et auraient voté aussi en faveur de restrictions.
En résumé
– une décision du peuple qui sera appliquée
– aucune conséquence pratique immédiate sur la libre circulation
– un système qui doit migrer vers des contingents
– des accords existants qui devront être renégociés
– pas de nouveaux accords dérogeant à ce mandat constitutionnel
– un concept élaboré par le gouvernement d’ici l’été
– un projet de loi cet automne
Didier Burkhalter et Laurent Fabius. Paris 18 Février 2014.