Michael Ringier 2017 à Paris, un sentiment mitigé
Ce 24 mai se tenait la présentation annuelle des résultats et de la stratégie du groupe Ringier.
On peut tout d’abord en saluer les indicateurs économiques : un C.A. qui dépasse pour la première fois le milliard de Francs suisses et un résultat brut qui dépasse largement les 100 millions. En ces temps où la presse souffre, souffre, souffre … c’est remarquable.
Oui mais .. la comparaison avec la presse fait-elle encore sens ? Plus de la moitié de cette rentabilité est faite en ligne, alors qu’il y a encore cinq ans la part du online était .. nulle et Michael Ringier rappelait encore qu’il ne tenait pas à faire du digital pour le plaisir mais que cela devait être rentable.
La transformation digitale de Ringier bat son plein, et l’analyse du marché présentée qui souligne l’importance des bots dans la production de contenu, et la prévalence du média social sur l’éditeur en termes de diffusion du contenu ne laisse pas d’inquiéter.
A ce jour, le groupe Ringier emploie encore 2 000 journalistes. Mais ne fait pas de projection de ce chiffre sur l’avenir.
La réussite de ce groupe familial est impressionnante et il ne faut pas oublier que lorsqu’il investit un franc, un dollar ou un euro, Michael Ringier les investit de sa poche. Il est plus facile d’être philantrope avec l’argent des actionnaires qu’avec le sien.
Reste à essayer de prévoir l’avenir. En deux siècles, Ringier était passé du métier de l’imprimerie à celui de la presse. En quelques années il est passé de la presse à la presse en ligne ou plutôt au cross media.
Et l’insistance à citer Warren Buffet qui annonce que sur plus de 1200 titres américains, seul trois survivront, ceux que leurs lecteurs font acheter par leur société annoncerait-elle une sortie en cours de la presse ? Au profit sans doute de la vidéo, de la réalité virtuelle qui semblent très à la mode.
Inquiétude aussi quand on entend citer comme un modèle de management Elon Musk, parce que en réaction à un tweet d’usager (usager qui est tout de même Loic le Meur), il change son modèle de facturation en quinze jours. Espérons que le groupe Ringier, sans perdre son dynamisme, ne jette pas aux orties une certaine lenteur helvétique consensuelle du bon sens.
Saluons néanmoins la prestation in fine de Jacques Pillet, survivant du Nouveau Quotidien et de l’Hebdo, qui rappelait l’impérieuse nécessité de continuer à travailler à sourcer ces informations et à faire preuve d’esprit critique dans ce métier.
A suivre en mai 2018 ou avant ..