Etat d’urgence en Suisse MAIS les administrations publiques ne ferment pas
L’état d’urgence décrété dans toute la Suisse jusqu’au 19 avril
Toute la Suisse est en état d’urgence jusqu’au 19 avril à cause du coronavirus. Seuls les commerces de première nécessité pourront rester ouverts. Le Conseil fédéral a décrété lundi l’état de situation extraordinaire, prenant ainsi seul les commandes de la crise.
« Une réaction forte s’impose dans tout le pays », a déclaré la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga. « C’est le seul moyen de parvenir à surmonter cette crise. Ce n’est pas facile, mais il y a des moyens pour rester proches les uns des autres tout en gardant la distance ».
« Prenez les mesures d’hygiène et de distance au sérieux », a-t-elle affirmé. « Nous ne vous laissons pas seuls. Nous ferons tout pour que les personnes gravement malades puissent continuer à être soignées dans notre pays ». La présidente a également salué l’entraide dont fait preuve la population.
Les règles seront désormais identiques dans tous les cantons. Toutes les manifestations publiques ou privées sont interdites dès lundi à minuit. Tous les magasins, restaurants, bars et établissements de divertissements et de loisirs sont fermés jusqu’au 19 avril, à l’exception notamment des magasins d’alimentation et des établissements de santé.
Doivent également fermer leurs portes les établissements dont les prestations impliquent un contact rapproché avec les clients, comme les salons de coiffure et autres centres esthétiques. Les magasins d’alimentation, les cantines d’entreprises, les services de petite restauration à l’emporter et de livraison de repas ainsi que les pharmacies restent ouverts, de même que les stations-service, les gares, les banques, les offices de poste, les hôtels, les administrations publiques et les services du domaine social.
Jusqu’à 8000 militaires
Le Conseil fédéral estime que les autorités civiles vont avoir nettement plus besoin de l’armée ces prochains jours et semaines. Il prévoit de mettre jusqu’à 8000 militaires au service du système de santé, de la logistique et de la sécurité jusqu’à fin juin.
S’agissant du soutien aux services de santé, les 3000 militaires disponibles vont immédiatement être mis à disposition. L’ampleur du recours à l’armée va dépendre de l’évolution de la situation et des demandes des autorités compétentes. Les troupes en service régulier seront les premières à être mobilisées.
Des contrôles aux frontières
Le Conseil fédéral a par ailleurs décidé d’établir, dès ce soir minuit, des contrôles aux frontières allemandes, françaises et autrichiennes. L’entrée sur le sol helvétique ne sera autorisée que pour les Suisses, les personnes disposant d’un permis de séjour et celles voyageant pour le travail. Le transit et le transport de marchandises restent autorisés.
Dans cette optique, les douanes secondaires sont fermées à toutes les frontières, de manière à canaliser le trafic sur les douanes principales. La mesure vise à protéger la population suisse et à préserver les capacités du système suisse de santé.
Cantons précurseurs
Une série de cantons avaient déjà durci leurs mesures de protection. Le Tessin a bouclé samedi tous les restaurants, bars et magasins, à l’exception des épiceries et pharmacies. Il a été suivi dimanche par le Jura, Neuchâtel, Bâle-Campagne et les Grisons et lundi par le Valais, Genève et Vaud.
Comme dans les pays voisins, le dispositif des autorités suisses va crescendo. Jusqu’à lundi, la Confédération a agi dans le cadre d’une « situation particulière » selon la loi sur les épidémies qui lui permet d’ordonner des mesures en concertation avec les cantons.
Vendredi, le gouvernement a annoncé la fermeture de toutes les écoles, l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes (et même 50 dans les restaurants et discothèques) et la fermeture partielle de la frontière tessinoise avec l’Italie. Une semaine avant, il avait interdit les manifestations de plus de 1000 personnes.
La Suisse est particulièrement frappée par l’épidémie. Plus de 2200 personnes ont été contaminées dans le pays et une vingtaine de personnes sont décédées. Par million d’habitants, la Suisse est le deuxième pays le plus touché du monde après l’Italie.