Congrès du « centenaire » de l’OSE : Rien

Rien, c’est ce qu’écrivait parait-il Louis XVI sur son journal quotidien le 14 Juillet 1789 et c’est une bonne mesure de la distance entre ce « parlement » et le vrai peuple.

Passons d’abord sur les inexactitudes historiques.
On prétend fêter le centenaire des congrès de l’OSE et pourquoi pas du CSE.  Si  l’OSE – une OSE qui était  à l’époque une  branche de la NSH/SHG, ce qui n’a rien à voir avec le machin actuel – a bien été créée en 1916, le reste n’a pas suivi.
La première réunion de Suisses de l’étranger date de 1918 à Bâle. L’escroquerie intellectuelle qui consiste à affubler du titre de parlement une réunion de gens a demi cooptés et ne représentant que quelques caciques d’associations ne date que des années 70-80 (ainsi que le fait justement remarquer le docteur Wyder qui, après avoir dirigé le machin pendant un quart de siècle, prend un intéressant recul d’historien) (1) .

Le Rien se réunissait donc dans la salle du Conseil National et ne se sentait plus d’importance. Bon, une moitié est absente comme d’habitude, et même le président Gysin n’a pas osé occuper le perchoir, qui est réservé à des gens élus et non nommés. L’entrée était interdite au bon peuple et réservée aux gens qui avaient payé leur écot à l’OSE pour l’ensemble du congrès … Quand on vous dit que tout cela est un truc privé, c’est privé et ca reste privé. D’après les vidéos de début de séance, il n’y avait pas foule dans les tribunes, d’ailleurs.

Le président Gysin avait fait  les jours précédents et dans les médias de courageuses déclarations identiques à celles de 2015  sur la nécessité de démocratiser enfin le Rien. C’est d’ailleurs assez étonnant de voir comment ses courageuses déclarations externes ne correspondent pas du tout à ce qui est pratiqué ensuite en interne. Entre les deux explications possibles, d’une part celle d’un visionnaire qui essaie de faire bouger les choses et qui n’est pas suivi par son staff et d’autre part celle d’un pur politique qui considère que ses discours n’engagent que ceux qui les écoutent, difficile de trancher.

Les sujets traités ( compte-rendu partiel), ne surprendront personne.

Sur les assurances maladies, AVS etc.. , échec de la politique illusoire de l’OSE qui en sera réduite à tenter de passer des partenariats avec de coûteuses assurances privées. Cela fait plus de 25 ans que nous le disons, mais ils vont finir par le comprendre.

Sur les comptes bancaires, après le rateau pris par l’OSE dans sa démarche illusoire auprès des banques, et l’annonce bruyante de la merveilleuse solution Postfinance, on se rend compte – là encore nous vous l’avions annoncé depuis le début – que Postfinance n’est  pas une solution, et on admet que Postfinance a complètement réduit le service en dessous de ce qui avait été annoncé.

Un malheureux conseiller du CSE tente de faire discuter une motion qui pourrait avoir un impact politique. Il est mis en absolue minorité sur l’entrée en matière après diverses interventions expliquant – dans la salle du Conseil National – qu’ici on ne fait pas de politique. Bah oui on obéit, on demande, on se fait dire on et on s’écrase .. Ainsi va le Rien des Suisses de l’Etranger.

Sur le vote électronique, on commence tout doucement à annoncer que les Suisses de l’étranger à qui on l’avait promis pour 2015 puis pour 2019 s’en passeront aussi. On est passé de 13 cantons équipés à 5 seulement homologués … si tu recules quand j’avance etc ..    Et belle sortie de piste pour une des co-directrices, qui semble n’avoir pas conscience que la Confédération cherche à faire des économies et qui plaide pour qu’on maintienne une pluralité de systèmes de votes sous des prétextes de sécurité Visiblement elle confond éparpillement coûteux faute de direction sérieuse et sécurisation d’un système d’information, et si c’est à des gens comme cela que l’avenir de l’OSE est confié, ça fait peur.

Quant à la démocratisation, moins on en parle mieux ça vaut et après quelques échauffourées dans les débats, on en reste au fait que tout ceci est renvoyé devant les faîtières nationales.Ce qui veut dire en France que tous les espoirs sont placés dans l’UASF. La première faîtière du monde représentée par 12 délégués ne peut pas se permettre d’aller à  l’encontre des recommandations démocratiques qu’elle a elle-même approuvées le 5 août en compagnie d’une soixantaine de membres du CSE. Les paris sont ouverts. Les Paris aussi.

On ne peut que sourire – jaune – en écoutant le programme de la co-directrice qui cherche un avenir à l’OSE. Priorité n°1 : le vote électronique. Depuis le temps que c’est une priorité et que l’OSE se prend des rateaux, c’est courageux. Priorité n°2 la communication. A l’heure ou l’édition papier de la Revue Suisse est en voie de disparition faute d’argent … c’est très courageux. Priorité n°3 les jeunes. L’OSE a cru bon en 2015 de créer un parlement des jeunes. C’est quoi un parlement des jeunes ? Ben c’est comme un parlement de la cinquième Suisse. Ils ne sont pas élus mais cooptés ou désignés. Et à part un ou deux mouvements juste avant les congrès annuels : RIEN. Et d’où sortent ces priorités ? D’un sondage de 12 questions adressées aux 130 délégués dont 80 n’ont même pas pris les 5 minutes nécessaires pour cliquer une réponse. RIEN on vous dit, RIEN

Bref, une chose très positive, la diffusion en live stream de la fête du Rien ( qui d’ailleurs était incompatible firefox, quand on plaide pour le multisystèmes on essaie de se l’appliquer), qui permet de profiter de ce bel été pour visiter la vraie Suisse et pas cet espèce de parodie hors sol de démocratie.
 

(1) amusant d’ailleurs de voir que Rudolf Wyder cite positivement le GEHP, qui a toujours à l’époque insisté sur le caractère non démocratique du CSE, alors que ce qui  porte maintenant le nom GEHP a totalement capitulé devant cette parodie de représentation.