On sait maintenant ce qui est arrivé à Tante Ju

Suisse: un pilotage « à haut risque » cause du crash d’un avion de collection

Secours et enquêteurs s'affairent autour de la carcasse d'un trimoteur Junkers JU52 HB-HOT qui s'est écrasé sur le pic de Piz Segnas à Flims, en Suisse, le 5 août 2018

Secours et enquêteurs s’affairent autour de la carcasse d’un trimoteur Junkers JU52 HB-HOT qui s’est écrasé sur le pic de Piz Segnas à Flims, en Suisse, le 5 août 2018afp.com – Fabrice COFFRINI

28 JAN 2021 Mise à jour 28.01.2021 à 14:00 AFP © 2021 AFP

Un pilotage à haut risque a provoqué l’accident en Suisse d’un avion de collection qui s’est écrasé en 2018 contre une montagne, tuant les vingt personnes à bord, a conclu jeudi le rapport d’enquête.

L’avion, un trimoteur Junkers JU52 HB-HOT construit en 1939 en Allemagne, appartenait à la compagnie Ju-Air, fondée en 1982 par des amis de l’armée de l’air.

Il s’était écrasé le 4 août 2018 contre le versant ouest du Piz Segnas, à 2.540 mètres d’altitude, dans le canton des Grisons (Est).

Lors de l’accident, l’avion était à sa capacité maximum de 17 passagers et trois membres d’équipage: 11 hommes et 9 femmes, parmi lesquels un couple autrichien et leur fils, avait indiqué la police. L’appareil traversait les Alpes pour relier Locarno (Sud) à l’aéroport militaire de Dubendorg près de Zürich (Nord).

Les deux pilotes, ex-membres de l’armée de l’air et ex-pilotes commerciaux, avaient fréquemment volé ensemble durant les deux mois avant l’accident.

Le Service suisse d’enquête de sécurité (SESE) « a identifié comme cause directe de l’accident la conduite de vol à haut risque par les pilotes », selon le rapport.

« Les pilotes ont dirigé l’avion à basse altitude, sans possibilité de trajectoire de vol alternative et à une vitesse dangereusement basse » dans une vallée avec des turbulences prévisibles, selon le SESE.

« Cette gestion à haut risque du vol a engendré la perte de contrôle », dans des turbulences « non extraordinaires », et il s’est écrasé « avec une trajectoire pratiquement verticale » faute d’espace disponible pour le redresser.

Le rapport ajoute que des omissions à la fois de Ju-Air et dans les procédures de l’autorité de surveillance, l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) « ont également contribué à la survenance de l’accident ».

Ainsi, le centre de gravité de l’avion se trouvait trop en arrière pendant le vol en raison d’une préparation inadéquate et d’erreurs dans un logiciel de Ju-Air.

Les pilotes du vol, comme d’autres pilotes de Ju-Air, « étaient habitués à ne pas respecter les règles de sécurité des opérations aériennes dans le cadre de Ju-Air et à prendre des risques élevés, même lorsqu’ils volaient avec des passagers », des violations que Ju-Air n’a pas empêchées.

En outre, l’OFAC n’avait pas identifié « de nombreux problèmes de sécurité au sein de Ju-Air »

L’avion « n’était pas techniquement dans un état réglementaire » mais cela n’a pas contribué à l’accident.

Le Junkers JU52, surnommé Tante Ju en allemand, Iron Annie en anglais, était un avion de transport en tôle ondulée fabriqué par la firme allemande Junkers à partir des années 1930 et jusque dans les années 1950.

Il a été utilisé par de nombreuses compagnies aériennes, mais aussi comme avion de transport militaire et bombardier pendant la Seconde Guerre mondiale. L’armée de l’air suisse l’a utilisé jusqu’en 1981.