Le naufrage continue

Vous trouverez ci-dessous une publication de Nasha Gagnebin. Il nous semble important de préciser, sans remettre en cause ce que dit l’auteur, de préciser qu’il entretient un peu la confusion entre la responsabilité de l’UASF – responsable au premier chef des anomalies dénoncées – et l’OSE – responsable de laisser faire, dans le pays où réside la plus grande « colonie » de Suisses de l’Etranger, l’exact contraire de ce qu’elle est son président préconisent.


Le Conseil des Suisses de l’Étranger va bientôt connaître des élections. Toutefois, et cela fait des années que je dénonce cette situation, ces élections, sensées représenter la communauté suisse expatriée et ses intérêts, sont totalement opaques, antidémocratiques et peu représentatives. Étonnant pour un pays comme la Suisse à la démocratie si vivante.


En novembre 2016, je me suis renseigné auprès des autorités en la matière, à savoir l’Union des Associations Suisses de France (UASF) et de l’Organisation des Suisses de l’Étranger (OSE/ASO) sur les modalités d’élection. 

La Présidente de l’UASF m’a très gentiment et avec bienveillance expliqué la marche à suivre. Toutefois, l’OSE a eu des réponses plutôt gênantes qui ont soulevé bon nombre d’interrogations.

L’OSE et l’UASF m’ont indiqué qu’il fallait bien être membre d’une association reconnue par l’UASF afin de se présenter à ces élections ainsi qu’afin de pouvoir élire. Cela pose plusieurs problèmes démocratiques.

Voici la réponse de l’OSE apportée par email:

«(…) Il est vrai qu’aujourd’hui, les élections au CSE se déroulent dans la plupart des pays encore à travers les associations suisses.

L’OSE a cependant entamé de sérieuses réflexions pour qu’à l’avenir, tous les Suisses de l’étranger puissent participer aux élections au CSE, ce qui ne va pas sans susciter des oppositions assez importantes.

Lors de sa séance d’août 2016, le Conseil des Suisse de l’étranger a adopté une directive sur l’élection au CSE. Dans cette directive, le CSE a voulu donner la liberté aux pays qui le désirent d’élargir leur base électorale. Ainsi, en 2017, plusieurs pays offriront la possibilité à tous les Suisses de leur pays de résidence d’élire leurs délégués au CSE (vous pouvez trouver les directives sur notre site). C’est le cas du Royaume-Uni, qui prévoit un système mixte : une partie des délégués étant élus par les associations suisses et l’autre partie étant élue par les Suisses du Royaume-Uni dans leur ensemble. Les Suisses résidant au Royaume-Uni qui souhaitent participer à l’élection peuvent découper un bulletin dans la Revue Suisse et élire par poste.

Par ailleurs, deux projets pilotes d’élection électronique auront lieu au Mexique et en Australie. Dans ces pays, tous les Suisses de l’étranger disposant d’une adresse e-mail pourront élire leurs délégués au CSE par internet en 2017.Comme vous le voyez, l’OSE entreprend cette année des pas importants en direction d’une élection plus démocratique en ce sens qu’elle ouvre la base électorale du CSE. Il s’agira de tirer les leçons de ces expériences et de voir comment modifier le processus d’élections pour tous les pays pour les élections de 2021.

Comme pour tous les changements, les doutes et les oppositions ne sont pas négligeables, raison pour laquelle le CSE a décidé d’avancer pas à pas.

En vous remerciant de votre compréhension,

Meilleurs messages.»

Ce courriél est un bon début. Toutefois, cela n’est pas suffisant. 

En effet, le CSE se targue d’être représentatif des intérêts des Suisses de l’Étranger. Un seul constat s’impose: c’est faux ! 

Comment est-il possible de s’arroger le droit de prétendre représenter les Suisses de l’Étranger alors que seuls les membres des Clubs peuvent se présenter et élire ? C’est opaque, non-transparent, antidémocratique et cela engendre très probablement une sorte de mafia électorale où les arrangements se font entre petits amis.

Ce qui est dingue, c’est que l’OSE a écrit dans son courriél «L’OSE a cependant entamé de sérieuses réflexions pour qu’à l’avenir, tous les Suisses de l’étranger puissent participer aux élections au CSE, ce qui ne va pas sans susciter des oppositions assez importantes.» J’ai du relire cinq fois cette phrase pour être bien certain d’avoir compris que la «démocratie» allait soulever des oppositions importantes. C’est fou…

Cela fait 10 ans que je vis en France. Cela fait dix ans que chaque jour, je prend la défense ou explique la Suisse aux Français parfois très arrêtés sur les clichés. Cela fait bientôt 4 ans que je travaille à l’Assemblée nationale pour un groupe politique et que je sème dans les discours que j’écris ci et là des petits bons points à la Suisse. Le pays se retrouve être cité dans des discours tant en commission qu’en tribune dans l’Hémicycle sur le travail, la formation, le social, la santé, ou encore l’apprentissage et est mis en valeur avec bien évidemment l’accord des Députés pour qui j’écris ces discours.

Je crois que ce travail fait certainement plus pour la défense de la Suisse et de son image à l’étranger que des membres de clubs qui s’élisent entre eux. Le résultat est là: le CSE n’est pas très diversifié, l’âge est plutôt vieillissant à part quelques exceptions, et n’est pas absolument pas représentatif de la diaspora helvétique.

Je ne sais pas si l’OSE se rend compte mais dans le cas où une amicale de Jass était immatriculée auprès de l’USAF, cela signifierait que seuls les membres jouant au Jass et payant une cotisation d’adhérent pourraient élire et se présenter au CSE. On marche sur la tête !

Comment pouvons-nous accorder un seul instant du crédit à ce genre de façon de faire ?

La France a su réellement se prendre en main: d’abord sous un système de Conseil des Français de l’Étranger élus sur des listes partisanes, ensuite par l’élection de Députés Français de l’Étranger.

En Suisse, les joueurs de Jass élisent des joueurs de Jass. C’est juste incroyablement dingue…

Ensuite, les expérimentations se font dans des régions très petites:
– 6 pour l’Australie;
– 2 pour le Mexique;
– 4 pour le Royaume-Uni.

Donc au final, une élection directe ne concernera que 12 membres sur 120 membres de l’Étranger. En outre, pour le Mexique et l’Australie, l’OSE explique dans son courriél que l’élection sera électronique. Très bien. Toutefois, seront-ce des candidats membres de Clubs Suisses ? Là encore, il n’y a aucune raison qu’un Conseil politique tel que le CSE envoie et présente des délégués membres de Clubs autant divers que des associations sportives ou des clubs de jass…

Je ne sais pas si les politiques suisses et l’OSE réalisent l’incongruité de la chose mais c’est vraiment très étrange quand on y réfléchit…

Cela fait donc 10 ans que je vis à l’étranger. Cela fait 10 ans que je dis que ce système est défaillant et ne permet aucune réelle représentativité ni même légitimité.

Dans son courriél, l’OSE parle de doutes engendrés par ces changements: c’est bien évidemment tout naturellement que des sociétés s’auto-désignant et s’auto-élisant y voient donc des doutes quant à un nouveau système plus démocratique, plus transparent !
Rien que la phrase «Comme pour tous les changements, les doutes et les oppositions ne sont pas négligeables, raison pour laquelle le CSE a décidé d’avancer pas à pas.» devrait faire s’interroger, au sein de l’OSE, sur le système bancal que l’organisation a soutenu pendant tant d’années.

Il faut vraiment faire changer les choses.

Comment peut-on être pris au sérieux dans les revendications politiques que formule le CSE quand ses représentants ont été désignés parmi un cercle restreint dont souvent l’adhésion est payante. Est-on dans un suffrage censitaire !?

Bref, je ne sais plus si j’ai envie de tenter l’expérience et de vouloir m’investir pour l’OSE tant le système semble défaillant et anti-démocratique. Une farce. Un réel déni de démocratie.

Je ne cautionne aucunement cela.
Nasha Gagnebin

La source est ici http://nashtags.blogspot.fr/2017/03/les-elections-au-conseil-des-suisses-de.html