Guerre de communiqués à l’UASF et rappels historiques

Hier 21 Novembre 2014, l’Ambassade de Suisse à Paris, terrain réputé neutre, recevait quelques présidents d’associations suisses  en France, ainsi que la présidente de l’UASF, et des représentants de l’OSE et du DFAE  pour faire un petit tour sur l’actualité Suisse.

Il faut savoir gré à l’Ambassade de ses efforts pour maintenir un lien entre ces associations. Le contexte est délicat. D’une part la faîtière parisienne, feue la FSSP, a été liquidée suite à diverses anomalies de gestion. D’autre part, la faîtière française, l’UASF a vu ses élections 2013 annulées pour cause de fraude  dans les mandats, et a organisé une élection 2014 qui ne semble guère plus régulière. Dans une réunion récente à Marseille l’UASF indiquait que ses caisses étaient presque vides, et comme elle enregistre de plus en plus de démissions d’associations, cela ne va pas s’arranger. Difficile d’en savoir plus, son site internet se murant dans un silence inquiétant, et la présidente indiquant «ne pas être au courant du passé». Résultat l’UASF c’est aujourd’hui une quarantaine d’associations d’une cinquantaine de membres, soit un pour mille des suisses de France et encore… en admettant que les membres soient consultés par les présidents avant prise de position, ce qui  n‘est souvent pas le cas. Cette quarantaine de présidents nommant 12 membres au CSE, les 12 membres  portent à eux tous la parole de 20 présidents, et indirectement de 1000 suisses, soit 50 chacun. Much ado about nothing.

Notons au passage que dans ses circulaires, l’Ambassade continue de présenter comme président de l’UASF non pas celle qui prétend avoir été élue en Février 2014, mais celui dont la non réélection en Juin 2013 a provoqué le séisme conduisant à l’annulation des élections. Même nos diplomates se perdent dans ce que Ruedi Wyder appelait avec un soupir désolé « ach Frankreich … »

Néanmoins la partie de la réunion menée par l’Ambassade était fort intéressante, donnant tout à tour la parole à M. l’Ambassadeur Regazzoni, à Monsieur Eduard Krall qui succède comme consul général à Mme Weber-Singh et à M Jurg Bürri directeur de la direction consulaire du DFAE à la centrale à Berne, pour un tour d’horizon de l’actualité des relations franco-suisses, à Jacques Simon-Eggly, président de la « maison mère de l’UASF » qui s’était lors de sa visite précédente indigné des irrégularités du vote de 2013 à Lyon, mais qui n’a pas pris position sur les irrégularités du vote 2014 à  Paris. Il parait qu’il faut « tirer la couverture là-dessus et donner sa chance à la nouvelle équipe».  Etonnante conception de la démocratie suisse où la première fraude électorale est un scandale, mais pas la seconde, car on n’a pas envie de recommencer une troisième élection. Parole enfin à Patrice Jacquier, Directeur du Swiss Business Hub, pour des présentations fort intéressantes sur le développement commercial suisse en France.

Rapide tour de table pour permettre à chaque association participante de présenter son activité. Il faut noter à ce sujet que la participation à l’UASF n’est plus du tout un critère de santé d’une association, plus aucun filtrage n’étant fait. Il existe des associations très actives qui ne sont plus ou pas membre de l’UASF, comme parmi d’autres  la société suisse de tir de Paris qui fêtait aujourd’hui 22 Novembre à Versailles son centenaire en présence de hautes autorités civiles et militaires suisses, ou l’Amicale Suisse du Périgord, pas si truffe que certains avaient pu l’espérer, et des associations parfaitement fantômes qui sont membre de l’UASF. La réciproque étant d’ailleurs tout aussi vraie.

Et à 5 minutes de la clôture de la réunion à l’Ambassade, à l’heure de passer au buffet, on pouvait se dire « chouette, pas un mot sur les guéguerres locales, le mot UASF n’a pas été prononcé, la hache de guerre est enterrée ». Mais non. Trop tôt pour se réjouir.  C’est le moment qu’a choisi la présidente du GEHP pour demander la parole et lire un communiqué mettant en cause  la gouvernance et les objectifs de l’UASF et appelant à la réforme. Aussitôt, et sans plus de spontanéité, la présidente de l’UASF lisait un communiqué en réponse. La pièce était bien montée, mais il manquait le public.

Les problèmes sont toujours les mêmes. L’UASF  a été fort utile à une époque révolue  où il fallait trois jours de cheval pour relier la France à la Suisse et 5 jours pour traverser la France. Son président distillait à l’occasion de rares réunions  des « nouvelles de Suisse » fort utiles car elles étaient la seule voie de communication pratique. Mais l’UASF n’a pas su se réformer à l’heure de l’immédiateté d’internet et la question de son utilité commence sérieusement à se poser. Aujourd’hui, elle est devenue une sorte de « machine à produire des notables », le «notable» étant celui qui a le droit de candidater pour être nommé au Conseil des Suisses de l’Etranger. Nommé, car vu qu’il recueille 20 voix sur 30 ou 40 suffrages dans un pays ou vivent 200 000 Suisses ont ne peut parler sérieusement d’élection. Et notable, un peu comme les « candidatures agréées de l’Empire », car le système oublie quelque peu le bon vieux principe suisse  attribue aux élus des devoirs au profit de leurs électeurs. Certains de ces élus  se sentent ainsi investis de droits dont la base démocratique reste inconnue, par exemple le droit de donner des consignes de vote aux citoyens suisses de l’étranger. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui font régner la pensée unique sur Swisscommunity.

Quand au GEHP, il est intéressant aussi de se pencher sur son  histoire. Fondé il y a plus d’un demi siècle, il a réuni au départ des sympathisants de Zofingue militant pour le droit de vote par correspondance des Suisses de l’étranger, pour la nationalité des  enfant de mère suisse nés à l’étranger, pour la réforme de la constitution fédérale, et pour l’instauration d’un véritable conseil des suisses de l’étranger, qui ne serait pas constitué de quelques « notables » aussi cooptés que non représentatifs mais de véritables élus au suffrage universel direct. Evidemment le GEHP  s’est opposé frontalement pendant des dizaines d’années tant à l’USF devenue UASF qu’à l’OSE, l’une comme l’autre farouchement opposées à la démocratisation réclamée. C’est d’ailleurs ce qui avait conduit le représentant du GEHP au CSE à démissionner et le GEHP à se retirer de l’OSE et de l’UASF il y a quarante ans.

 Et puis, le temps passant, les présidents se succédant, l’histoire a été un peu oubliée au GEHP et la présidente actuelle a voulu montrer sa bonne volonté et tenter sa chance en poussant le GEHP à ré-adhérer à l’UASF. Acte respectable de bonne volonté mais dont les résultats ont été à l’encontre complet des attentes. Passons sur l’élection directe du CSE par vote électronique, sans cesse repoussée, et au maintien des « candidatures agréées ».  Le GEHP a d’ailleurs même  présenté un candidat à l’élection au CSE qui a été bien entendu blackboulé dans des élections UASF soigneusement verrouillées pour éviter toute idée nouvelle. Pas rancunière, la présidente a tout de même confirmé son adhésion à l’UASF en fin d’année 2014.  

Mais aujourd’hui la stratégie du GEHP est devenue totalement illisible. Sa « reddition inconditionnelle » à l’UASF a fait des remous et provoqué le départ de plusieurs membres historiques. Les  exigences démocratiques du GEHP sont lisibles de temps à autre dans la revue suisse ou dans des  communiqués comme celui lu à l’Ambassade, mais l’UASF les ignore aussi superbement que l’OSE.  Et encore plus fort, le GEHP compte dans son équipe actuelle l’une des modératrices de Swisscommunity, membre donc de l’équipe OSE qui censure soigneusement toute discussion sur le grave déficit démocratique de l’UASF et de l’OSE, et qui se permet même d’essayer d’empêcher un ancien président du GEHP de publier librement sur Swisscommunity les thèses historiques du GEHP.  Audiard avait une formule pour cela. On aurait pu penser que ladite finirait par en tirer conséquence et enfin choisir entre soit rester préposée des censeurs de l’OSE sur Swisscommunity, et donc démissionner du GEHP soit  adhérer aux thèses démocratiques du GEHP et se retirer de son rôle de modérateur OSE de Swisscommmunity. Et bien non. Elle est toujours au GEHP et continue de  modérer Swisscommunity en y postant ses anecdotes familiales et ce qu’elle trouve sur google.

Les animateurs historiques du GEHP que sont Jean-Louis Gilliéron, Guido Poulin et d’autres avant eux doivent se retourner dans leur tombe.

Tout ceci est bien triste car cela contribue à stériliser le terreau associatif suisse en France et à détourner du système les bonnes volontés bénévoles qui loin de ces conflits de pouvoir souhaitent simplement une plateforme d’échange et non une pyramide de commandement et de pensée unique.

S’il reste assez d’adhérents à l’UASF pour financer cette couteuse opération, un nouveau congrès devrait se tenir à Vittel au printemps 2015. Est-ce que ce sera enfin l’occasion d’un grand ménage et d’une injection de fraicheur et de transparence dans l’UASF . Nous en doutons. Après tout, le choix de Vittel, n’est neutre. Le slogan local c’est « buvez, éliminez ». Espérons que cela ne devienne pas : « on lève le coude et on vous vire ».